Cap au large !

Nous laissons derrière nous les côtes rassurantes qui disparaissent peu à peu dans une brume grisâtre pour un océan à perte de vue. Le vent forcit, la mer se creuse et les hauts fonds teintent l’eau d’un bleu profond.

Puis le soleil se couche et dans un soupir carmin laisse place à la lueur des étoiles. Le ciel se mêle alors à la mer et habille l’horizon d’un ton noir sur noir.

Tour à tour nous prendrons nos quarts et assurerons une veille ô combien nécessaire pour éviter une collision fatale.

Une lueur au loin, c’est un bateau qui croise. Deux lumières jaunes indiquent, en s’affirmant, un cargo de plus de 50 mètres de long qui s’approche. Mais dans quelle direction au juste ? À quelle vitesse ? Passera-t-il devant ou derrière nous ? D’ailleurs il passe ou pas !? Il se rapproche encore je vois son rouge ! Sur mon rouge... ouf ! Comme dit le dicton: rouge sur rouge, rien ne bouge (nous parlons bien ici de feux, ne vous méprenez pas).

Une dizaine de paires lumineuses peuplent maintenant le plan d’eau, heureusement ce soir, la nuit est claire.

Il est 3 heures du mat, la relève annonce un peu de repos, enfin...

Mais se glisser dans ses draps humides relève parfois du défi quand le bateau gîte jusqu’aux chandeliers et vous plaque contre la paroi, où seule une PLS vous empêche de rouler contre le mur opposé que vous aurez pris soin de rembourrer avec tout ce qui vous passe sous la main : coussins, draps, fringues... voiles ! Un équilibre précaire qui permet malgré tout de trouver le sommeil, parfois de courte durée car au prochain virement de bord, tout est à refaire...

Au fur et à mesure des miles, les jours et les nuits s’enchaînent au rythme de la houle qui efface notre sillage, nous quittons pour de bon les Asturies et les côtes Portugaises de l’Atlantique, Gibraltar nous tend les bras et une nouvelle mer s’ouvre à nous : demain, c’est en Méditerranée que nous débarquerons !